On dit souvent que les concerts de K-Pop sont une expérience particulière. Mais le 9 août à Amsterdam, pour le dernier arrêt de la tournée mondiale Run Seokjin Ep. Tour, c’était plus qu’un concert. Inspiré de son émission en ligne Run Seokjin, Jin du groupe BTS, a transformé sa scène en terrain de jeu, avec humour, simplicité et beaucoup d’interaction. Mais pour moi, la partie a déjà commencé avant d’entrer dans la salle et s’est prolongé ensuite…
Avant la partie : équipement et repérage
Tout commence par la préparation. Mon sac n’est pas seulement un bagage : c’est l’inventaire d’une joueuse avant sa mission. L’élément essentiel d’un concert de K-Pop, c’est bien sûr le lightstick. Dans le cas de BTS, les ARMY Bombs se connectent entre elles pour créer des effets lumineux synchronisés avec la musique, en changeant de couleur et d’intensité. Pour moi, c’est une première : premier concert lié à BTS et donc première utilisation de mon ARMY Bomb. L’excitation est à son comble.

En K-Pop, les accessoires et goodies sont également incontournables : peluches, porte-clés, photos, bijoux… Tout ce qui évoque BTS et Jin trouve sa place. Mon sac se pare vite de breloques et devient identifiable par n’importe quel ARMY (nom des fans de BTS). D’ailleurs, dès mon arrivée à la gare centrale d’Amsterdam le 8 août, difficile de se tromper : on croise des ARMY à chaque coin de rue, avec les mêmes signes distinctifs que moi. Comme dans un jeu d’objets cachés, on s’amuse à les repérer d’un « Là ! ARMY ! ».
Le jour du show, dès l’approche de la salle, l’ambiance est donnée par les tenues de concert, les « concert outfits ». Certains y travaillent des mois à l’avance, en fonction des codes visuels de chaque artiste. Par exemple, pour voir TOMORROW X TOGETHER en mars 2025 à Paris, la majorité du public portait des couleurs pastel telles que le rose et le bleu pâle, tandis que pour ATEEZ à Bruxelles en février, la foule était surtout en noir.
L’univers de Jin est plus éclectique : violet pour BTS, style rock pour I’ll Be There, country pour Rope It. Certains fans audacieux osent même des tenues complètement loufoques : déguisements de poissons, d’extraterrestres ou encore pyjamas bariolés. Pour les connaisseurs, tout avait du sens mais j’imagine les regards étonnés des passants dans le métro. À première vue, impossible de savoir quel événement est capable de rassembler une telle diversité de costumes. Les plus créatifs se font photographier avec une autodérision assumée.

À côté, la générosité des fans se traduit par des cadeaux, appelés freebies. Photos, porte-clés faits main, stickers, bonbons… J’ai l’impression d’être une collectionneuse. Mes mains sont vite pleines et je tente de tout ranger dans mon sac sans rien abîmer. Le talent, la patience et l’altruisme des ARMY me fascinent. Si les freebies sont monnaie courante dans la K-Pop, je ne m’attendais pas à en recevoir autant. Peut-être parce que ce sont les premiers concerts de BTS en Europe depuis 2019, l’enthousiasme est palpable.
Enfin, les projets de fans ajoutent une dimension collective à l’expérience. Certains distribuent des bannières à brandir au bon moment, d’autres des étoiles jaunes à illuminer pour créer une ambiance « galaxie » dans la salle. Comme pour les freebies, tout est fourni avec les explications nécessaires. Impossible de ne pas se sentir impliqué dans cette grande mission commune.

Que la partie commence !
À 20 heures, une fois tout le monde installé dans le Ziggo Dome, Jin apparaît, seul sur scène avec ses quatre musiciens. Il appuie sur un gros buzzer et lance la partie. Pas de décors extravagants ni de chorégraphies millimétrées, mais un principe clair, résumé en une phrase : « Dallyeora Seokjin ! ». Cette exclamation coréenne, traduction de Run Seokjin, est la marque de fabrique de son émission en ligne du même nom et se retrouve reprise en chœur par le public durant tout le concert.
Chaque jeu, chaque épreuve que Jin propose, est introduit par « dojeon ! » (« je relève le défi »). Le premier est un Telepathy Game demandant aux ARMY de mimer des mots pour que Jin les devine. Le nombre de bonnes réponses détermine sa prochaine tenue. Jin dispose alors d’un temps limité pour se changer et revient déguisé en hamster — clin d’œil à Hamster-dam peut-être ? — pour interpréter sa chanson la plus drôle : Super Tuna, un hymne à la pêche. Un joli pied de nez à ceux qui pensent que la K-Pop ne rime qu’avec apparence soignée et sérieux. Jin a autant d’autodérision que ses fans. Et comme on ne se lasse pas Super Tuna, une roue décide que les ARMY la chanteront deux fois supplémentaires, façon karaoké, pendant que Jin se change à nouveau. Le public est déchaîné malgré des paroles en coréen prononcées plus qu’approximativement.
Viennent ensuite un quiz façon blind test, où Jin doit deviner les titres chantés par le public, et un moment où il descend dans la fosse pour faire interpréter l'introduction de Moon par trois fans. Les notes sont plus ou moins fausses, plus ou moins surjouées, mais Jin fait preuve de patience et de bienveillance, riant et appréciant le courage des plus hésitants.
La soirée est un savant mélange entre la superproduction, par l’ampleur de l’événement, et le concert intimiste, par l’interaction avec son audience. Bien sûr, la musique reste centrale avec 21 chansons défilant durant les deux heures de spectacle. Entre émotion, ambiance épique, country, soda pop et rock, il y en a pour tous les goûts. Jin déploie toute l’étendue de son talent avec son charisme et sa voix affirmée. Il joue également deux morceaux au piano et s’essaie à la basse, sous le regard amusé du musicien qui lui prête son instrument.
En le voyant s’amuser sur scène, je ressens une vraie fierté. Lui qui est souvent resté dans l’ombre de ses camarades de BTS, il se dévoile depuis son retour du service militaire, en juin 2024. Cette tournée est l’accomplissement, le dernier niveau de sa carrière solo, et j’apprécie son art autant que sa personnalité.
Mais ce que je retiens plus particulièrement, c’est le public. Ce sont les ARMY et les ARMY Bombs. La communion est totale, le moment est magique. Et quand Jin se met à genoux pendant Spring Day, au bord des larmes, l’émotion est la même dans toute la salle. La fin du concert arrive vite, j’ai envie d’en voir plus et je ne suis pas la seule. À la sortie, quelques fans forment un cercle sur le parvis du Ziggo Dome et continuent à entonner des chansons, peu pressés de rentrer chez eux…
La partie bonus
Le lendemain, pour ne pas que le retour à la vie réelle soit trop brutal, j’ai prolongé la partie à ma façon. Passage obligé par un photobooth coréen pour immortaliser le week-end, puis déjeuner dans un restaurant coréen d’Amsterdam. Kimbap, poulet frit et tteokbokki, je ne suis pas la seule ARMY à vouloir déguster ces spécialités. Autour de moi, j’identifie une nouvelle fois tous les signes distinctifs des fans de K-Pop.
Je me lance ensuite dans une chasse au trésor, ou plutôt une chasse aux photos. L’objectif est de retrouver les lieux photographiés par des idoles de K-Pop et à reproduire leurs clichés. Les angles et les points de vue ne sont pas toujours évidents mais c’est un moyen de découvrir la ville autrement.

Avant de repartir, une ultime mission : offrir moi-même des photos de Jin à des ARMY croisés au hasard. C’est alors l’occasion d’échanger quelques mots. Certains viennent d’Italie, d’autres d’Allemagne, certains étaient au concert la veille, d’autres attendent celui du soir, le dernier de la tournée. Dans tous les cas, chacun d’entre nous est rentré chez lui avec de beaux souvenirs de cette aventure partagée.
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