J’ai fait mes études à l’INSA Lyon entre 2013 et 2019. À l’époque, je n’étais pas encore fan de K-Pop ou de Corée. Je suis revenue dans le cadre d’un stage à la direction de la communication en 2023 et j'ai découvert l’existence de UNI-K, un groupe de danse qui reprend des chorégraphies de K-Pop et qui se produit notamment lors des spectacles de la Semaine Asiatique et de RAGDA (une autre association de danse de l’INSA). Si j’étais étudiante aujourd’hui, c’est sûr et certain que je ferais partie de UNI-K ! Leur énergie m’a marquée sur scène et j’attendais le bon moment pour aller à leur rencontre et leur poser toutes mes questions. Je trouve enfin le temps de les contacter, après avoir suivi leurs aventures au travers de leurs comptes Instagram et YouTube pendant presque deux ans. Ceci, Annie, Jess, Emma, Kenza, Marianne, Adelina, Nawel et Laurie ont accepté de répondre à toutes mes interrogations.
Origine d’un projet-passion
Annie et Marianne sont devenues membres de UNI-K il y a sept ans. « Ouf, je suis vieille ! » rit Annie. Elle explique : « UNI-K est un crew fondé en 2017, qui fait partie de l’association “Semaine Asiatique” (SA). Aucun des créateurs n’est resté l’année suivante alors, quand je suis arrivée en 2018, avec Marianne notamment, on a décidé de continuer à faire vivre le crew. Notre but initial était juste de faire quelques covers (reprise de chorégraphies existantes) pour nous amuser. On ne faisait pas de chansons complètes et, à ce moment-là, ce n'était pas commun de se filmer et de poster sur les réseaux. » Marianne ajoute : « Oui, notre premier projet de cover d’une chanson entière était Dumb Litty de KARD mais on a aucune preuve ! Sinon, la première vidéo de notre chaîne YouTube est Solo de Jennie, en 2020. »
La branche K-Pop de la SA inclut aujourd’hui deux sections qui s’entrecroisent : UNI-K, le crew spécialisé dans la création, le tournage et la publication de covers sur YouTube, et une partie cours de K-Pop ouverts à tous. « Une vingtaine de membres sont actifs en ce qui concerne UNI-K. Si on compte les inscrits aux cours et les profs, c’est plutôt autour de 40 personnes », résume Marianne. Avec des nationalités et des âges différents, la joyeuse troupe comprend également des garçons et vibre de diversité. Adelina explique : « La K-Pop est une source de réconfort pour beaucoup. Notre asso a pour but de regrouper, d’accueillir, de conforter encore plus de monde et de grandir ensemble. »
Ceux qui intègrent UNI-K ont donc un point commun : l’amour de la K-Pop. « Danseuse depuis toujours et fan de ce style de musique depuis mes 12 ans grâce à EXO, je me suis laissée tenter à essayer un cours de K-Pop », raconte Kenza. Jess, Adelina et Nawel relatent la même expérience tandis que Laurie nuance ses propos : « À l’origine, je n’écoutais pas vraiment de K-Pop mais j’aimais beaucoup danser. Quand je suis allée au forum des associations de l’INSA, il y avait un “random dance challenge” : une playlist aléatoire de K-Pop défile et ceux qui connaissent la choré vont danser. J’ai beaucoup aimé le concept et c’est de là que j’ai rallié l’asso. » Je me souviens moi-même d’un random dance challenge vécu à Gwangju pendant un festival d’art de rues. L’évènement m’avait beaucoup marquée et m’avait instantanément donné envie de rejoindre les participants alors je comprends Laurie.
De leur côté, Ceci et Emma sont les co-responsables K-Pop cette année. Danseuses confirmées, elles ont le courage d’enseigner leur passion aux autres. « J’ai découvert la K-Pop en 2016 avec les débuts de BLACKPINK et je prends des cours de danse contemporaine et de modern jazz depuis que j’ai trois ans. Depuis la rentrée 2024, je donne des cours », raconte Emma. « Même chose pour moi, quand je suis arrivée à l’INSA, je faisais neuf heures de danse par semaine », explique Ceci. « Grâce à mon parcours de danse assez long, je me suis sentie assez à l'aise pour donner des cours moi-même. »
Processus créatif et moments marquants
Quand je demande aux filles si elles préfèrent les chorégraphies des groupes masculins ou féminins, le combat fait rage. C’est girl group pour Annie, Jess, Laurie, Emma et Kenza. Cette dernière explique : « J’aime les chorés un peu “osées” et “féminines” donc, souvent, je finis par danser du girl group ». « Je me reconnais dans les chorés plus fluides », renchérit Adelina. Ceci et Marianne protestent : elles ont un faible pour les danses masculines car le style leur correspond mieux. « C’est plus énergique, les mouvements sont plus grands et demandent de la force », précise Ceci. De manière générale, toutes sont prêtes à relever des défis et peuvent faire des danses dans les deux catégories, en fonction de leurs envies du moment. Nawel est d’ailleurs incapable de choisir un genre favori : « Les deux me vont ! J’aime tester plein de styles à travers la K-Pop. » Et quand je les interroge sur le cover qu'elles ont préféré, les réponses varient de Not Today de BTS à Bad Girl Good Girl de Miss A, en passant par Shooting Star de XG, Yes or Yes de TWICE ou encore Midas Touch de Kiss of Life.
En suivant la publication de leurs covers, je me suis demandé comment s’organisait leur processus créatif. Annie m’explique leur point de départ : « Une personne veut faire une chanson et la propose au groupe. Les membres intéressés se manifestent ». Chacun apprend ensuite la chorégraphie de son côté et les responsables sont capables d’enseigner les détails si besoin mais aussi de gérer les placements de chacun pour que cela rende bien face à la caméra. Au bout d’un mois environ, le cover peut être filmé dans différents endroits emblématiques de Lyon et Villeurbanne. « L’étape qui vient après, c’est le montage et la miniature des vidéos à poster », indique Annie. Mais ce n’est pas toujours facile d’allier des études d’ingénieur et une activité associative chronophage, comme le précise Nawel. « On se retrouve souvent pressés par le temps, ce qui fait que le travail n’est parfois pas totalement abouti. Je préfère les projets faits pendant l'été, quand on a plus de temps. »
En plus de la création de vidéos en ligne, UNI-K participe également à des spectacles à l’INSA. Ces prestations constituent les souvenirs les plus emblématiques des neuf danseuses. « C’est toujours différent de danser devant un public », précise Jess. Laurie s’extasie : « C’est impressionnant d’être sur scène ou en coulisses. Il y a une véritable équipe qui s’occupe des effets son et lumière et même des machines à fumée ! » Marianne se souvient de l’évolution d'UNI-K et de son intégration au paysage étudiant. « Le fait de prendre part à des spectacles pour mettre en avant la danse K-Pop marque vraiment la reconnaissance de ce style par les autres associations. »
En dehors de leur école, les membres de UNI-K interviennent dans des évènements de la région lyonnaise comme la Korean Touch, les random dance challenges ou le festival Korea Days. Emma raconte la participation de UNI-K à un concours : « Juste au moment où j’ai rejoint l'asso, j’ai proposé notre candidature aux “Koreo Crew Fighter” 2e édition, organisés sur Twitch. Nous étions trois équipes lyonnaises à concourir et UNI-K est arrivé en quart de finale ! »
L’impact de la K-Pop
Dans ma vie, la K-Pop a eu un impact très fort. J’ai rencontré de nouvelles personnes, surtout des ARMY (nom des fans de BTS), fait partie de groupes de discussion, partagé ma passion. Mais cela m’a aussi donné envie d’apprendre le coréen et de partir en Corée. Mon style vestimentaire ou la façon dont je prends soin de moi a également évolué… Ceci se reconnaît dans mon expérience et rit : « Pareil que toi, BTS m'a vraiment sauvé la vie ! Leur musique était là quand j'en avais le plus besoin. J'ai découvert mon propre style de danse et ils m'inspirent beaucoup. J’ai aussi rencontré ma meilleure amie lors d’un évènement K-Pop en Bolivie ». Les autres danseuses approuvent, la K-Pop a été synonyme de belles rencontres pour chacune d’entre elles.
Elles sont aussi d’accord avec moi pour dire que la K-Pop a eu un impact international non négligeable. Adelina exprime son ressenti : « La production, les vidéos élaborées, les danses perfectionnées, les tenues innovantes… La K-Pop a placé la barre très haut pour l’industrie musicale globale. » Emma modère ses propos. Pour elle, « il y a quand même toujours deux mondes séparés. J’ai l’impression qu’il y a très peu de gens qui écoutent de la K-Pop occasionnellement. Soit on est à fond dedans, soit on ne l’est pas du tout. » Selon Kenza, la K-Pop est malgré tout un acteur majeur dans la démocratisation de la Corée. Mais cela n’a pas que des bons côtés : « Avec la société d’aujourd’hui, tous les concepts s'essoufflent, les groupes se multiplient pour répondre aux nouvelles tendances mais s’éteignent en peu de temps. Pas tous, évidemment, mais c’est dommage… »
Pour les filles de UNI-K, la K-Pop a également été une porte d’entrée vers une autre culture au sens large. Emma témoigne : « J’ai commencé à apprendre la langue coréenne et je me suis très vite intéressée à l’histoire de la Corée et à ses coutumes. Je suis fascinée par toutes les dynasties royales mais aussi par la création du Hangeul. Je suis d’ailleurs en train d’organiser mon premier voyage solo à Séoul, en avril 2025. » Quand j’aborde le sujet des K-Dramas, elles me confirment qu’elles en regardent beaucoup et les noms de leurs séries favorites fusent : The Glory, Love Next Door, Dr. Romantic, Hotel del Luna, Goblin, Mr. Plankton, My Love from the Star ou encore Work Later, Drink Now.
Mais pour Laurie, l’aspect de la culture coréenne qui l’intéresse le plus, c’est la cuisine. « Mon plat chouchou : je dirais les yachaejeon. Il s’agit de crêpes coréennes aux légumes ou aux fruits de mer. Aussi étonnant que ça puisse paraître, mes préférés sont ceux aux oignons nouveaux, un vrai délice ! » Jess recommande les barbecues coréens traditionnels, Annie penche vers le jajangmyeon, des nouilles à la pâte de soja noire fermentée, tandis qu’Adelina conseille les incontournables tteokbokki, des gâteaux de riz à la sauce épicée.
Après ces noms qui m’ont mis l’eau à la bouche, il est déjà temps de conclure cet échange. Le mot de la fin sera pour Jess : « Merci à UNI-K et ses membres. Ils m’ont permis d’évoluer en tant que personne, de gagner en confiance et en leadership. J’espère que l’association pourra perdurer pendant longtemps et peut-être grandir encore, qui sait ? »
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