J'avais déjà parlé de la série « When the weather is fine » (dispo sur Netflix et Viki) dans un de mes articles précédents, où je décrivais la vie des Coréens hors Séoul, plutôt ruraux, avec un mode de vie plus traditionnel.
J'y reviens cette fois pour vous parler du livre dont il est l'adaptation, et qui est paru en français en octobre 2023 aux éditions Decrescenzo. Il s'agit de « L'odeur des clémentines grillées » de Lee Dowoo. Autrice née à Busan, elle a écrit un essai, « Night is a Good Time to Talk » (2020) et trois romans, « Letterbox 110 » (2004), « Put on Your Pajamas » (2012) et « I'll find you on a Beautiful day » (2018), le seul actuellement traduit en français et que je vous présente ici.
D'abord, vous constaterez les différents choix de traduction de titre. De « I'll find you on a beautiful day » en anglais, on est arrivé à « l'Odeur des clémentines grillées » en français, en sachant que le titre anglais du drama n'est pas celui du livre, mais « When the weather is fine », qu'on traduirait par Quand il fera beau... Cependant chaque option fait totalement sens quand on a vu ou lu cette histoire.
Quand au titre original en coréen, « 날씨가 좋으면 찾아가겠어요 », on peut le traduire littéralement par « J'irai à toi quand il fera beau » et le choix d'affiche pour le drama n'est pas sans rappeler la couverture d'une des éditions coréennes.
Je suis ravie de voir que l'édition française est à la hauteur, niveau esthétique, avec la superbe illustration de couverture d'Orlane Pourroy.
Le livre raconte l'histoire de HaeWon, qui, après un burnout dû à son travail de prof de dessin dans un institut privé à Seoul, part se réfugier là où vit sa tante, à la campagne, dans la maison d'Hôte familiale « La maison de Noix »... Tante, qui après un succès littéraire (ou deux) s'est complètement coupée du monde et vit en recluse. Haewon envisage de faire de même.
Son voisin, EunSeop, qui tient la librairie « Goodnight » un peu plus loin, voit revenir son ancienne camarade de classe avec circonspection. Mais Haewon, non sans apprendre la vérité sur le secret de sa famille, fera finalement sa place dans ce petit village et se retrouvera en chemin, elle qui s'était perdue dans la vie trépidante mais hautement concurrentielle de Seoul.
Une très belle histoire « doudou », du genre de celles qui tiennent chaud au cœur, sous un plaid, quand il fait froid dehors.
Ayant d'abord vu le drama, je n'ai pas eu de vraie surprise à la lecture, les petites différences ne changeant pas fondamentalement le fond de l'histoire. Évidemment, on appréhende mieux les sentiments des personnages quand on lit un roman (pendant le drama, j'étais énervée par le comportement d'HaeWon, mais pas trop dans le livre) mais j'ai bien aimé les ajouts du drama comme la romance entre la petite sœur d'Eunsop (qui ne l'est pas dans le livre) et un un garçon de son lycée, qui la rejoint au club de lecture de la librairie.
Justement, c'est ce groupe de lecteurs, créé par Eunseop, qui est vraiment le sucre de ce livre, on y voit se côtoyer un petit garçon et son papy (le fameux grilleur de clémentines, avec la casquette, dans le fond de l'image ci-dessous), le vendeur de luminaires du village, ou la meilleure amie de la tante d'Haewon, ainsi qu'une lycéenne hyperactive qui fait du rap !
Ce groupe hétéroclite qui transcende toutes les conditions sociales, de sexe et d'âge pour se réunir autour de l'amour du livre et de l'écriture, on ne peut que succomber à sa fraicheur et à sa profondeur, grâce aux œuvres partagées.
Et quelle chance d'avoir un drama pour admirer la beauté de ce hanok transformé en librairie, mon imagination « française » n'aurait pas su lui rendre justesse, sinon.
Pour en revenir à cette parution, je pense que si en France on est assez habitué à lire des polars coréens depuis ces dernières années (me reviennent en tête « Bonne nuit maman » de Seo Mi Ae ou « Carnets d'enquête d'un beau gosse nécromant » de Jung JaeHan, aussi adapté sur Netflix avec « Café Minamdang »), il est moins commun de lire des « feel good » coréens, les éditeurs français s'étant, pour l'instant, majoritairement contentés des écrits japonais en la matière.
J'ai donc hâte de voir une belle vague de ce genre littéraire déferler depuis la Corée jusque dans nos bibliothèques ! En espérant que la richesse de la langue, sa construction, comme un Lego qui permet des jeux de mots incroyables, sa conjugaison en strates de politesse, ses onomatopées aussi, soient toujours joliment conservés et finement traduits, pour nous qui en sommes aussi friands que du reste de la culture coréenne !
Et je conclurai en musique, comme à mon habitude, avec la bande originale du drama signée Kyunhyun du groupe Super Junior.
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